Lettre ouverte à Monsieur Guillaume Pépy : la réalité du terrain

Comité des Usagers des Gares de Rosny, Bonnières,
Port-Villez, Mantes la jolie, mantes la ville, Bréval

Comité des usagers des transports de l’ouest Francilien

Le 6 juillet 2011

Monsieur Guillaume Pépy

Président de la SNCF

Monsieur le Président,

Les membres de notre Comité ont suivi avec la plus grande attention votre interview du mardi 5 juillet 2011 à 8h00 sur France Inter.

Nous avons tous pris bonne note de ce que vous mettiez tout en œuvre afin d’assurer aux usagers de la SNCF des transports de qualité dans des trains ponctuels et confortables.

Néanmoins, nous sommes au grand regret de vous informer que la réalité est toute autre.

En effet, hier matin, le train de 8h48 au départ de Bonnières-sur-Seine, était ce que nous nommons un demi-train, soit un train constitué de 5 wagons au lieu de 10 wagons, ce qui contraint les usagers à voyager debout, comme du bétail. Il en était de même ce matin pour le train n° 80054 de 7h37 !

Ces incidents sont récurrents sur notre ligne Paris-Vernon et ces conditions de voyages sont propres à nous dégoûter du train.

Par ailleurs, le soir lorsque nous quittons notre travail, non seulement nous avons des demi-trains ou alors des trains inadaptés à nos voyages, c’est-à-dire constitués de 3 à 4 wagons de première classe, dont les contrôleurs chassent régulièrement les usagers qui n’ont pas trouvé de place assise en seconde classe, mais encore de vieilles rames VO2N rénovées, bruyantes, sans climatisation l’été, sans chauffage l’hiver, et ces rogatons tombent régulièrement en panne. C’est le cas du train n° 80053 de 18h33 au départ de Paris Saint-Lazare, dont la suppression intervient parfois deux jours de suite.

Hier soir encore, à 18h20, ce train a été supprimé en raison d'une avarie de matériel. Une de plus !

Les 3 membres de notre Comité et moi-même nous sommes allées protester vigoureusement à l'accueil. Nous avons demandé à voir un responsable, il n'y en avait évidemment pas ! Nous avons demandé à ce que le train de 18h30 à destination de Rouen fasse des arrêts supplémentaires à Mantes, Rosny et Bonnières, en vain !

Un certain nombre d'usagers étant venus protester avec nous, le guichetier nous a proposé d'écrire au service clientèle, mais nous lui avons tous répondu que c'était inutile, que la direction se moquait bien de nos protestations et de nos revendications !

Le guichetier nous a alors expliqué que la SNCF n’était absolument pas responsable des suppressions de trains, que seul le STIF l’était, la SNCF n'étant que le prestataire ! Le guichetier a ajouté que nous n'aurions pas de nouveaux trains avant 2017 à cause du STIF.

Nous avions déjà parfaitement compris qu’à la SNCF, et notamment sur le réseau de Paris Saint-Lazare, il n'y avait jamais de responsables, notamment en cas de problème !

Aujourd’hui, nous réalisons que la direction de Paris Saint-Lazare rejette sa propre incurie sur la responsabilité du STIF !

Nous avons donc été contraints de prendre le train n° 85007 de 18h53 et lorsque nous avons vu passer les contrôleurs, nous leur avons demandé des explications, notamment sur le refus de faire faire des arrêts supplémentaires au train de 18h30 à destination de Rouen, ce qui nous aurait permis de rentrer à l’heure chez nous et non 30 minutes plus tard, sachant que parmi nous, les enfants de deux mamans les attendaient.

Les contrôleurs nous fort aimablement écoutées, nous ont carrément déclaré qu'à 18h00, il n'y avait plus de responsables à la direction de la SNCF, que les suppressions de trains n’étaient pas comptabilisées comme incidents par la direction de la SNCF et que le refus de faire arrêter le train de 18h30 était motivé par le fait que ces arrêts supplémentaires retarderaient le train de quelques minutes, donc que cela dérangerait les statistiques de la SNCF quant à la ponctualité de ses trains.

Enfin, les contrôleurs nous ont bien précisé que la suppression d’un TER en direction de Vernon ne dérangeait pas la direction de Paris Saint-Lazare, alors que les retards même minimes sur les lignes Normande faisaient partie de leurs préoccupations.

La voilà, la réalité du terrain, Monsieur le Président : il y a deux poids et deux mesures, les usagers des lignes de banlieue qui prennent le train pour aller travailler et paient chaque mois leur passe navigo sont quantité négligeable pour la SNCF, alors que les trains Normands font partie de l’élite qu’il convient de soigner !

Monsieur le Président, les membres de notre Comité vous renouvellent leur invitation à venir voyager avec eux, dans les mêmes conditions de voyages déplorables que les leurs, le matin dans leurs demi-trains et le soir dans leurs vieux coucous à bout de souffle !

Afin d’étayer nos dires, nous vous informons que depuis le début de l’année 2011, nous avons cumulé 11 suppressions de trains et l’équivalent de 31 heures et 24 minutes de retard !!!

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de nos respectueuses salutations.

Louis Gomez

Président du Comité de Défense des Usagers de l’Ouest Francilien

Sylvie Dupuy

Membre du Comité de Défense des Usagers de l’Ouest Francilien

Pour bien illustrer le manque de place, voici une photo prise dans un train de 5 voitures au lieu de 10.

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