Trois jours après le blocus complet de la deuxième gare de France, la circulation reprenait normalement sur tous les groupes. Normalement, presque : comme tous les jours les trains circulaient avec quelques minutes de retard en fin de pointe de soirée. Une situation habituelle pour cette gare qui voit défiler quotidiennement près de 1 800 trains par jour.
Seulement avec ces "quelques" minutes de retard à St-Lazare d’où partent environ deux trains toutes les minutes, la machine est vite grippée. C’est cette situation qui a eu lieu sur le groupe III (Paris — Nanterre - Université — Cergy - Le Haut) vendredi dernier vers 19h30.
Le train UECY 135999 à destination de Cergy — Le Haut, départ prévu à 19h37 (le dernier à destination de Cergy au départ de St-Lazare) est affiché au départ. Seulement, le train arrive à quai de sa mission précédente à 19h36, causant naturellement un retard au départ. Il est 19h46 lorsque le chef de service fait sonner le départ constatant que le C-V8 (Contrôle Voie 8) est ouvert (le signal de sortie présente au conducteur soit l’avertissement — un feu jaune —, soit voie libre — un feu vert). Quelques minutes passent sans que rien ne bouge.
En fait, le conducteur qui est arrivé avec ce train est parti faire une autre mission prévue dans son roulement. Il n’y a donc personne pour assurer le train UECY 135999. Après quelques minutes de bafouillage (voilà maintenant 18 minutes que rien n’est sorti de St-Lazare sur le groupe III) le chef de service va enfin sonner le NOPE 135363 à destination de Nanterre — Université (départ prévu à 19h41, train suivant le UECY 135999). Il est 19h54.
Le train NOPE 135363 étant parti, c’est le UECY 135999 toujours voie 8 qui est logiquement supprimé. Du coup, ça commence à bouchonner à l’entrée de St-Lazare, sur le groupe III. Le train qui devait assurer une fois arrivé à St-Lazare le FUPE suivant (135583 pour Maisons-Laffitte à 19h48) est bloqué sur les voies en avant gare. Le régulateur prend la décision de le recevoir voie 13 (voie qui n’est pas celle du groupe III, nécessitant de cisailler les voies du groupe IV (Paris — Ermont-Eaubonne) ).
Nous avons alors à 19h59 :
- un train supprimé (le dernier Cergy UECY 135999 qui n’a pas de conducteur) ;
- un train qui est parti avec 14 minutes (le NOPE 135363) ;
- la voie 6 occupée par le NOPE 135369 pour Nanterre — Université en train de partir (pour un départ prévu à 19h52) ;
- et celui qui devait assurer le Maisons-Laffitte de 19h48 voie 13 (le FUPE 135583).
Une belle pagaille donc que le régulateur va essayer de gérer au mieux.
Il est 20h00 pile quand le UECY 135999 (19h37 pour Cergy — Le Haut) réapparaît au TID (Tableau Indicateur des Départs) voie 8. Un conducteur (ou le conducteur manquant à l’appel tout à l’heure) venant d’être trouvé. Ce train n’est donc plus supprimé mais part quand même avec 27 minutes de retard (20h04) ; il devrait déjà se trouver aux environs de Sartrouville. Ce train (enfin) parti c’est miraculeusement le FUPE 135583 (Maisons-Laffitte départ à 19h48) qui réapparaît également au TID voie 13.
Tout rentrera dans l’ordre vers 20h10 lorsque le dernier FUPE (135583) partira enfin de la voie 13 en cisaillant encore une fois le groupe IV.
Cette anecdote est peut-être ordinaire, seulement pendant près de quinze minutes où le Cergy n’était plus affiché, aucune information de la sonorisation de la gare n’est sortie pour informer les voyageurs que leur train était supprimé ou qu’une solution allait être trouvée pour les acheminer à bon port (annonce de correspondances par exemple via Maisons-Laffitte puis le RER A).
La présence, dans une même journée de roulement d’un conducteur, de plusieurs types de missions de groupes différents est fortement préjudiciable à la qualité de service, comme on vient de le voir. La spécialisation des conducteurs par journée permettrait véritablement d’éviter de contaminer les retards d’un groupe sur un autre et rendrait par définition caduc l’affichage situé sous la vigie de la gare St-Lazare.
L’information interne est aussi une grave lacune : pourquoi personne ne s’est inquiété, ou n’a même été informé de l’absence du conducteur du train 135999 (y compris pour le chef de service qui a donné le départ à un train sans conducteur) ? Difficile de prétendre être une entreprise référence en Europe si l’on arrive à ce type d’incident d’exploitation. Enfin, concernant l’absence d’information des voyageurs présents dans le train 135999, pourquoi personne n’a pris l’initiative de faire des annonces pour informer les voyageurs qu’un autre train pour Nanterre — Université partirait finalement avant lui ? Est-ce par peur de mouvements de foule ? Est-ce par manque de réactivité (décision de faire partir le NOPE quelques secondes avant son départ effectif, ce qui aurait eu pour conséquence de différer encore plus le départ s’il avait fallu transborder une bonne partie des voyageurs du UECY). Toujours est-il qu’une annonce demandant aux voyageurs de patienter en l’attente d’un agent de conduite aurait été le moindre des respects, surtout par les temps qui courent, afin d’éviter de rajouter de l’électricité dans l’air... décidément très conducteur en ce moment.
Article paru sur Métro-Pole.net
Franck
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