Sept heures d'errance dans les rues de Paris...
Parmi les milliers de voyageurs piégés, une dame atteinte de la maladie d'Alzheimer de 77 ans à subie la fermeture de la Gare Saint Lazare.
Dans le douillet appartement familial, à deux pas de la gare de Rouen, la tension est encore palpable. L'aventure s'est heureusement bien terminée, mais les pâles sourires sur les visages peinent encore, trois jours après, à effacer l'angoisse qui a serré tous les cœurs, sept heures durant.
"Je me suis retrouvée sur les quais… Je ne sais plus… Un monsieur était là. J'ai suivi son chemin. Il m'a offert une tasse de café… J'étais un peu perdu… Je ne sais plus", raconte Micheline, 77 ans. "Elle ne se sait plus", répète en écho Antoine Fondimare, un médecin à la retraite du même âge, attentif comme jamais au bien-être de sa charmante épouse, atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Mardi dernier, comme chaque semaine, il l'a accompagnée à la gare, poinçonné son billet, mené jusqu'à son compartiment et s'en est retourné après avoir suivi des yeux le train de 8 h 59 qui s'éloignait à destination de Paris. Un voyage que Micheline adore. Qui lui permet de voir Clotilde, la dernière de ses trois filles. Et ses petits-enfants aussi. Elle en a douze au total. Un déplacement organisé en accord avec le spécialiste qui la suit depuis neuf ans déjà. A priori sans risque puisqu'elle est bien sûr attendue à la gare Saint-Lazare à 10 h 10. Mais, peu avant l'heure d'arrivée, la gare parisienne n'est plus qu'un camp retranché, derrière les cordons de la police ferroviaire et les CRS en renfort. Une grève surprise déclenchée après l'agression d'un cheminot paralyse le trafic. Ordre est donné, par sécurité, d'évacuer.
Dans cette pagaille indescriptible, Clotilde parvient à passer et demande aide aux agents de la SNCF. Où est passé le train ? "Ils ont rapidement découvert que le convoi s'était arrêté à Mantes-la-Jolie", raconte Antoine. "Tous les passagers ont été invités à descendre pour prendre un autre convoi à destination de la gare Montparnasse. Elle a dû suivre le mouvement…" "J'ai été pris en charge par une femme remarquable qui a aussitôt alerté la police ferroviaire", poursuit Clotilde. Mais les heures passent et sa maman est toujours introuvable. Vers 15 h, elle alerte elle-même la police nationale. "J'ai imaginé le pire : une agression, un malaise… Ma fille était aussi affolée", confie encore Antoine qui, voyant la nuit arrivée, saute dans sa voiture. Direction Mantes. "J'allais faire la même chose quand un message est arrivé à cette dame qui ne m'a jamais quittée. Une chance extraordinaire", ajoute Clotilde. Peu avant 17 h, devant Saint-Lazare, une dame âgée, vêtue d'un manteau noir, un sac à main pour tout bagage, a demandé à un agent de la SNCF de lui appeler un taxi. Voyant l'état dans lequel elle était, grelottante, les chaussures trempées, exténuée, affamée, l'agent l'avait gentiment emmenée prendre une tasse de café et manger un croissant.
Il lui aura fallu sept longues heures pour parcourir les 6 ou 7 kilomètres qui séparent les deux gares. "On ne sait pas ce qu'elle a fait tout ce temps. Elle a dû marcher au hasard, demander son chemin." Avec sans doute une seule obsession : retrouver sa fille à Saint-Lazare, comme d'habitude. De tout cela, Micheline ne se souvient guère, mais peine encore à se remettre de son immense fatigue. "Je suis désolée d'avoir dérangé tout le monde. Je me sens anéantie", dit-elle doucement. Ca ne l'a pas empêché de reprendre le train pas plus tard que ce matin avec son époux attentionné. Rien ne devrait, a priori, empêcher celui-là d'arriver. Quoique…
2 commentaires:
Merci pour cette brave dame d'avoir mis mon post en haut de l'affiche, en espérant que sa famille demandera des explications à la SNCF et pourquoi pas à la justice pour non assistance.
Espérons que la famille n'en restera pas là et poursuivra la SNCF en justice pour non-assistance à personne, et obtiendra bien entendu gain de cause
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